I. 2. Relations personnelles
I. 3. Histoire
Historiquement, la musique minimaliste naît d’une réaction contre deux tendances précédentes : la musique aléatoire et la musique sérielle.
Les œuvres des années 50 de John Cage, de Morton Feldman et d'Earle Brown mettaient l’accent sur le hasard et la chance. Les minimalistes, eux, voulaient réduire cette part du hasard. Certes, chez les minimalistes, il y a des influences du jazz, de l’improvisation surtout, mais le hasard est beaucoup plus rigoureusement contrôlé. C’est-à-dire, les minimalistes précisaient sur leurs partitions à quel moment doit intervenir l’improvisation, s’il y en a, et à quel moment le changement de phase doit surgir, le nombre de répétition de chaque module, la durée totale, etc. C’est pourquoi 4’ 33’’ de Cage n’est pas considéré comme minimaliste, malgré son silence absolu. Parce que ce que Cage a voulu faire avec cette pièce, c’est d’attirer l’attention du public aux éventuels sons non-musicaux qui peuvent se produire pendant l’exécution. Si la pièce est jouée dans une salle de concert classique, on peut effectivement ne rien entendre, à part quelques toux, quelques froissements de vêtements, etc., mais dans un autre endroit, en plein air, par exemple, on peut entendre beaucoup d’autres bruits. Cette pièce est donc complètement imprévisible et incontrôlable, ce qui n’est pas le cas des œuvres minimalistes.
Et le sérialisme intégral, représenté aux États-Unis par Milton Babbit, paraissait pour les minimalistes une méthodologie encore plus inflexible. Pour ces derniers, la musique sérielle était une musique trop compliquée et surtout incompréhensible à l’écoute. De toute façon, une chose est sûre : la musique occidentale est devenue, depuis le Moyen-Âge, de plus en plus compliquée. Par conséquent, aux yeux des minimalistes, il était inéluctable qu’apparaisse une musique dépouillée de toutes prétentions intellectuelles.
L’art minimaliste est aussi une réaction contre deux courants précédents : l’expressionnisme abstrait et le pop art. Quand on compare quelques exemples, il semble effectivement qu’ils se sont diamétralement opposés. (Exemples 8, 9 contre Exemples 10, 11)
Exemple 8 : Jackson Pollock, N° 27, 1950
Huile sur toile, 124,5 x 269,2 cm
Whiteney Museum of American Art, New YorkExemple 9 : Roy Lichtenstein, Blam, 1962
Huile sur toile, 172,7 x 203,2 cm
Yale Universiti Art Gallery, New Haven
Exemple 10 : Brice Marden, The Dylan Painting, 1966
Huile et cire d’abeille sur toile, 152,4 x 304,8 cm
San Francisco Museum of Modern ArtExemple 11 : Deux œuvres d'Agnes Martin
Par exemple, certains tableaux d’Andy Warhol peuvent être vus comme minimalistes : la répétition d’un seul motif, avec un changement plus ou moins insensible.
Exemple 12 : Andy Warhol, Green Coca-Cola Bottles, 1962
Huile sur toile, 209,6 x 144,8 cm
Whiteney Museum of American Art, New YorkMais tandis que les pop-artistes préféraient des motifs commerciaux et reconnaissables, les minimalistes utilisent des motifs beaucoup plus simples et impersonnels.
Exemple 13 : Donal Judd, Sans titre, 1969
Cuivre et plexiglas coloré sur support en acier, 295,9 x 68,6 x 61 cm
Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Smithsonian Institution, Washington D. C.Exemple 14 : Dan Flavin, Sans titre, 1972
Tubes fluorescents, 304,8 x 304,8 cmLe minimalisme s’écarte donc plus de l’expressionnisme abstrait que du pop art. L’expressionnisme abstrait était le style régnant dans les années cinquante. Il se caractérise par un haut degré de spontanéité qui marque fortement la présence de l’artiste dans l’œuvre. Cet aspect est bien représenté dans l’action painting de Jackson Pollock. L’action painting signifie une peinture fondée sur le pouvoir du geste de l’artiste-créateur. Par exemple, les coups de pinceaux improvisés est un moyen de création important. Et le procédé du dripping (laisser dégouliner la peinture) était aussi souvent utilisé par Pollock.
Une photo de Pollock au travail est significative, car elle montre justement l’artiste physiquement et littéralement dans son œuvre.
Exemple 15 : Jackson Pollock au travail
L’expressionnisme abstrait tente de capturer le moment où exalte la personnalité intuitive et imprévisible de l’artiste.
Vers la fin des années 50, quelques signes de rébellion sont apparus. Deux personnages importants sont Barnett Newman et Ad Reinhardt. Ils ont prôné l’idée que l’œuvre devait se concentrer sur sa propre réalité et que rien ne valait l’objectivité de l’objet lui-même, parfaitement autonome, sans autres références. Newman a dit : « Une peinture n’est rien d’autre qu’une tranche d’espace, dans lequel un peintre entre, et puis duquel il doit sortir. »(4) Et la déclaration suivante de Reinhardt l’a fait le maître à penser pour ceux qui cherchent l’épuration parfaite du tableau. Il a dit : « L’art est art-en-tant-qu’art et tout le reste est tout le reste. L’art-en-tant-qu’art n’est rien qu’art. L’art n’est pas ce qui n’est pas art. »(5) Cette affirmation, malgré son air d’un jeu de mots, démontre clairement l’idée des minimalistes que rien de l’artiste ne doit rester dans l’œuvre une fois qu’elle est faite.
Les toiles quasi-monochromatiques de Newman et de Reinhardt semblent anticiper l’utilisation de couleur unie par les minimalistes.
Exemple 16 : Barnett Newman, Day One, 1951-52
Huile sur toile, 335,3 x 127,6 cm
Whiteney Museum of American Art, New YorkExemple 17 : Ad Reinhardt, Abstract Painting, Blue, 1953
Huile sur toile, 127 x 71,1 cm
Whiteney Museum of American Art, New York
(4) J. W. Bernard, " The Minimalist Aesthetic in the Plastic Arts and in Music ", p. 91.
(5) G. Mollet-Viéville, Art minimal & conceptuel, p. 20.
II. 1. Simplicité et répétition
II. 2. Planéité
II. 3. Infinité
II. 4. Public
Bibliographie
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